Salaire d’un chirurgien-dentiste en France : combien gagne un dentiste en moyenne ?

Le métier de chirurgien-dentiste attire souvent l’attention pour sa rémunération réputée avantageuse. En France, cette profession médicale spécialisée dans la santé bucco-dentaire connaît par voie de conséquence des niveaux de revenus confortables, tout en présentant d’importantes disparités. La question du salaire préoccupe naturellement les étudiants qui s’orientent vers cette voie, mais aussi les patients curieux de connaître la réalité économique de leurs praticiens. À travers cet article, nous analyserons en détail les différentes facettes de la rémunération des dentistes en France, en analysant les facteurs qui influencent ces revenus et en fournissant des chiffres précis et actualisés.

Combien gagne un chirurgien-dentiste en France en moyenne ?

Les revenus des chirurgiens-dentistes en France se situent parmi les plus élevés des professions médicales. Le salaire médian atteint environ 5 500 € brut mensuels, représentant entre 60 000 et 72 000 € brut annuels. Une fois les prélèvements effectués, un dentiste perçoit généralement entre 3 900 et 4 700 € nets chaque mois.

Selon les données de l’Union dentaire, la rémunération moyenne dans la profession dentaire française s’élève à approximativement 100 000 € brut par an. L’Observatoire des inégalités, dans son rapport 2022, indique même que les dentistes seraient mieux rémunérés que les médecins salariés, avec 6 000 € mensuels en moyenne contre 5 847 € pour leurs confrères médecins.

Ces moyennes masquent d’un autre côté d’importantes variations selon l’expérience, le mode d’exercice, la spécialisation et la localisation géographique du praticien.

Évolution de la rémunération selon l’expérience professionnelle

L’expérience professionnelle joue un rôle déterminant dans l’évolution des revenus des dentistes. Un chirurgien-dentiste débutant perçoit généralement entre 4 000 et 4 500 € brut mensuels, soit 48 000 à 54 000 € annuels. Cela représente un salaire net oscillant entre 3 100 et 3 550 € par mois.

Avec l’ancienneté et la fidélisation d’une patientèle, les revenus augmentent significativement. Un praticien expérimenté peut atteindre une rémunération comprise entre 7 000 et 8 000 € brut mensuels. Son salaire net dépasse alors potentiellement 6 200 € par mois.

Pour une semaine de 35 heures, le taux horaire d’un dentiste se situe entre 46 et 53 € brut, ce qui place cette profession parmi les mieux valorisées du secteur médical. Cette progression salariale reflète l’expertise acquise et la confiance instaurée avec les patients au fil des années.

Impact du mode d’exercice sur les revenus des dentistes

Exercice libéral en cabinet indépendant

L’exercice en cabinet libéral indépendant représente souvent le modèle économique le plus rentable. Un dentiste propriétaire de son cabinet génère en moyenne un chiffre d’affaires de 30 000 € mensuels. De cette somme, environ 30% couvrent les charges sociales et cotisations (URSSAF, CARCDSF), 30% supplémentaires financent les frais du cabinet (loyer, matériel, salaires des assistants), et 15% partent en impôts et taxes diverses.

Au final, le revenu net estimé pour un dentiste en cabinet indépendant oscille entre 7 500 et 9 000 € mensuels, faisant de ce mode d’exercice l’un des plus lucratifs du secteur.

Collaboration libérale

Dans le cadre d’une collaboration libérale, le dentiste travaille au sein du cabinet d’un confrère. Avec un chiffre d’affaires similaire (environ 30 000 €), il reverse généralement 50% en rétrocession d’honoraires, soit environ 15 000 €. Après déduction des charges sociales (30%) et des impôts (15%), son revenu net se situe entre 7 500 et 8 500 € par mois.

Ce modèle permet de bénéficier d’une structure existante tout en conservant une rémunération attractive, sans les contraintes administratives liées à la gestion d’un cabinet.

Exercice en centre dentaire

L’exercice en centre dentaire fonctionne selon un système de rétrocession variant généralement de 28% pour un débutant à 32% pour un praticien expérimenté. Les revenus nets mensuels évoluent en conséquence :

  • Dentiste débutant : environ 5 500 € net
  • Dentiste confirmé : environ 7 000 € net
  • Dentiste expérimenté : entre 8 000 et 9 000 € net

Cette formule offre l’avantage de se concentrer uniquement sur les soins dentaires sans gérer les aspects administratifs.

Dentiste salarié

Pour les dentistes exerçant comme salariés en clinique ou en milieu hospitalier, les revenus suivent généralement une grille prédéfinie. En début de carrière, le salaire avoisine 4 200 € brut mensuels, pouvant atteindre 7 500 € en fin de parcours professionnel.

Les odontologues hospitaliers bénéficient d’un régime particulier, avec des rémunérations pouvant culminer à 9 229,60 € brut mensuels à temps plein au dernier échelon. Les internes en odontologie perçoivent quant à eux 1 593,30 € brut mensuels en début d’internat.

L’influence des spécialisations sur le salaire

La spécialisation dans une discipline dentaire constitue un facteur déterminant d’augmentation des revenus. Les orthodontistes figurent parmi les spécialistes les mieux rémunérés, avec des revenus pouvant atteindre l’impressionnant montant de 24 946 € nets mensuels, pour une moyenne annuelle d’environ 120 000 € brut.

Les stomatologues occupent également une position privilégiée, avec des rémunérations pouvant culminer à 14 521 € nets mensuels. Ces écarts s’expliquent par plusieurs facteurs :

  • Des tarifs d’actes plus élevés pour certaines spécialités
  • Des traitements s’étendant sur de longues périodes (particulièrement en orthodontie)
  • La rareté de certaines compétences spécialisées sur le marché
  • Une patientèle souvent plus fidélisée et suivie sur le long terme
  • Des techniques spécifiques nécessitant un équipement coûteux

Ces spécialisations dentaires nécessitent des formations supplémentaires parfois longues, mais constituent un investissement généralement très rentable sur le plan financier.

Variations géographiques des salaires de dentistes en France

La localisation géographique influence considérablement les revenus des chirurgiens-dentistes. Selon les données d’Indeed, les cinq villes offrant les rémunérations les plus élevées pour les dentistes sont :

  1. Nice : 16 085 € brut mensuels
  2. Brest : 15 301 € brut mensuels
  3. Chartres : 14 483 € brut mensuels
  4. Rosny-sous-Bois : 14 007 € brut mensuels
  5. Lyon : 13 848 € brut mensuels

Dans les grandes métropoles, les honoraires pratiqués sont généralement plus élevés, en raison notamment du coût de la vie supérieur. Pourtant, la concurrence y est également plus intense, ce qui peut limiter le volume de patients.

À l’inverse, certaines régions comme la Normandie, le Centre-Val de Loire, les Hauts-de-France et la Bourgogne-Franche-Comté connaissent une pénurie de praticiens. Cette situation peut représenter une opportunité pour les dentistes souhaitant s’y installer, avec une patientèle potentiellement plus importante et moins de concurrence.

Le système de conventionnement et son impact sur les honoraires

Le système de conventionnement avec l’Assurance Maladie joue un rôle crucial dans la détermination des revenus des dentistes. Les praticiens conventionnés perçoivent des honoraires fixés en accord avec la Caisse nationale d’assurance maladie, assurant ainsi un meilleur remboursement pour leurs patients.

Certains dentistes bénéficient d’un droit permanent à dépassement, leur permettant de pratiquer des honoraires supérieurs aux tarifs conventionnés. Les praticiens non conventionnés, quant à eux, disposent d’une liberté totale dans la fixation de leurs tarifs, mais leurs patients sont moins bien remboursés.

La réforme « 100% Santé » a également modifié le paysage économique de la profession dentaire, avec l’introduction de paniers de soins influençant directement la tarification des actes et, en conséquence, les revenus des chirurgiens-dentistes.

Comparaison internationale des salaires de dentistes

À l’échelle internationale, les rémunérations des dentistes français se situent dans une fourchette moyenne comparée à certains pays voisins. En Suisse, un dentiste perçoit en moyenne environ 200 000 € brut annuels, soit près du double de la moyenne française.

Au Luxembourg, les orthodontistes atteignent des revenus moyens de 150 000 € brut par an, tandis qu’aux Pays-Bas, cette même spécialité peut rapporter jusqu’à 200 000 € annuels.

Ces écarts s’expliquent par plusieurs facteurs :

  • Des coûts de la vie variables selon les pays
  • Des systèmes de santé et de remboursement différents
  • Des charges sociales et fiscales distinctes
  • Des densités de praticiens inégales sur les territoires

Ces différences peuvent inciter certains dentistes français à s’expatrier, sous réserve de remplir les conditions d’exercice propres à chaque pays (équivalence de diplômes, maîtrise de la langue, etc.).

Formation et investissement nécessaires pour devenir dentiste

Le parcours pour devenir chirurgien-dentiste en France exige un investissement considérable en temps et en ressources. L’obtention du Diplôme d’État de docteur en chirurgie dentaire requiert six années d’études après le baccalauréat, débutant par une première année commune aux études de santé (PACES), suivie de cinq années de formation spécialisée.

Pour ceux souhaitant approfondir leurs compétences, l’internat représente deux années supplémentaires. Les spécialisations comme l’orthodontie (CECSMO) nécessitent quatre années de formation additionnelles.

Au-delà du coût des études, l’installation en cabinet implique des investissements substantiels :

  • Achat de matériel et d’équipements techniques
  • Frais d’aménagement et de mise aux normes du local
  • Éventuel rachat d’une clientèle existante
  • Formation continue obligatoire (DPC)

Ces investissements initiaux sont généralement amortis sur plusieurs années d’exercice, grâce aux revenus confortables que procure la profession dentaire.

Perspectives d’évolution du marché et des revenus dans le secteur dentaire

Le marché de l’emploi dentaire en France présente des caractéristiques particulières. En 2022, l’Ordre national des chirurgiens-dentistes recensait 46 029 praticiens actifs, dont plus de 80% exerçaient en libéral. Cette augmentation de 4% du nombre de dentistes en 20 ans reste inférieure à la croissance démographique française (+10%), expliquant en partie les tensions sur l’offre de soins.

Les nouvelles technologies transforment progressivement l’exercice dentaire : caméra intra-orale, radiologie 3D, impression 3D, télédentisterie et intelligence artificielle modifient les pratiques et peuvent influencer la rentabilité des cabinets. Ces innovations permettent des diagnostics plus précis et des traitements plus efficaces, susceptibles d’attirer davantage de patients.

Les évolutions réglementaires et législatives continuent également de façonner l’avenir de la profession. Le vieillissement de la population et l’attention croissante portée à la santé bucco-dentaire laissent présager des perspectives favorables pour les revenus des dentistes dans les années à venir, particulièrement dans les zones en sous-densité médicale.