Le parcours d’un interne en médecine représente une phase cruciale entre les études théoriques et l’exercice professionnel complet. En France, l’interne occupe une position particulière : à la fois étudiant poursuivant sa formation médicale et professionnel de santé exerçant des responsabilités croissantes au sein des établissements hospitaliers. Cette double casquette se reflète dans sa rémunération, qui évolue significativement au fil des années d’internat. Contrairement aux idées reçues, les internes perçoivent un salaire accompagné de nombreuses indemnités spécifiques qui constituent un ensemble d’émoluments complexe. Observons en détail tous les aspects financiers qui caractérisent cette période déterminante du cursus médical.
Évolution du statut et de la rémunération du premier cycle à l’internat
Le parcours médical est jalonné d’étapes importantes qui s’accompagnent d’une progression tant dans les responsabilités que dans la rémunération. Cette évolution reflète l’acquisition progressive des compétences et l’implication croissante dans le système de soins.
De l’externat non rémunéré à l’indemnisation progressive
Lors des premières années d’études médicales, les étudiants ne perçoivent aucune rémunération. C’est à partir de la quatrième année (DFASM1) que commence l’externat, première étape de professionnalisation avec une indemnité mensuelle brute de 273,14€. Cette compensation financière augmente en cinquième année (DFASM2) pour atteindre 336,17€, puis 409,70€ en sixième année (DFASM3). Les externes participent également aux gardes hospitalières nocturnes et de week-end, rémunérées 55,29€ brut pour 12 heures de présence. Cette période constitue une transition fondamentale dans le parcours des futurs médecins.
Le passage à l’internat : un changement statutaire et financier majeur
L’entrée en internat marque un tournant significatif dans la formation médicale. L’interne devient officiellement un praticien en formation spécialisée, avec un statut hybride : toujours étudiant inscrit à l’université mais désormais salarié hospitalier à part entière. Ses obligations de service s’établissent à 10 demi-journées hebdomadaires, dont 8 consacrées au stage pratique et 2 dédiées à la formation théorique. La durée de l’internat varie selon la spécialité choisie, s’étendant de 3 ans pour la médecine générale à 5 ans pour certaines spécialités chirurgicales ou médicales complexes.
Le salaire de base des internes en médecine selon l’année d’études
La rémunération des internes suit une progression logique au fil des semestres, reflétant l’acquisition d’expérience et l’accroissement des responsabilités confiées. Cette évolution salariale constitue un élément important de reconnaissance du travail fourni.
La progression salariale du premier au dernier semestre
Le salaire de base d’un interne connaît plusieurs paliers significatifs durant son parcours. En première année, l’émolument mensuel brut s’élève à 1617,20€. La deuxième année voit cette somme portée à 1790,27€. Une augmentation substantielle intervient en troisième année avec un salaire atteignant 2367,36€. Les quatrième et cinquième années apportent des revalorisations plus modestes, avec respectivement 2369,20€ et 2370,68€ mensuels. Cette progression salariale correspond à l’acquisition croissante d’autonomie et à la capacité d’assumer des responsabilités médicales de plus en plus importantes au sein des services hospitaliers.
Année d’internat | Salaire mensuel brut |
---|---|
1ère année | 1617,20 € |
2ème année | 1790,27 € |
3ème année | 2367,36 € |
4ème année | 2369,20 € |
5ème année | 2370,68 € |
Les situations particulières et statuts spécifiques
Certains parcours ou statuts particuliers bénéficient de rémunérations adaptées. Le Docteur Junior, statut créé récemment pour la dernière phase de l’internat, perçoit 2374,62€ bruts mensuels. Les internes choisissant une année de recherche durant leur cursus touchent 2160,99€ par mois. Quant aux Faisant Fonction d’Interne (FFI), généralement des médecins diplômés hors Union Européenne en attente de validation de leurs compétences, leur rémunération s’établit à 1478,79€, soit un montant inférieur à celui des internes de première année.
Les gardes et astreintes : un complément significatif au salaire
Le système des gardes et astreintes constitue un élément majeur de la rémunération globale des internes en médecine. Ces périodes de travail supplémentaires permettent d’assurer la continuité des soins tout en complétant substantiellement les émoluments de base.
Tarification et organisation des gardes
Les gardes hospitalières représentent un complément financier important pour les internes. Une garde de nuit en semaine est rémunérée 234,35€ brut, tandis qu’une garde de week-end ou jour férié atteint 256,86€. Les demi-gardes sont proportionnellement indemnisées : 117,39€ en semaine et 128,43€ les week-ends et jours fériés. Au-delà du quota obligatoire, les gardes supplémentaires effectuées volontairement sont payées 256,86€ (garde complète) ou 128,43€ (demi-garde). Ces montants expliquent pourquoi de nombreux internes cherchent à effectuer des gardes additionnelles pour améliorer leur situation financière.
Le système d’astreintes
Contrairement aux gardes qui impliquent une présence continue sur place, les astreintes permettent à l’interne de rester disponible à distance, avec obligation d’intervention si nécessaire. L’indemnité forfaitaire de base pour une astreinte s’élève à 21,26€ brut. En cas de déplacement effectif pendant cette période, une indemnisation complémentaire peut atteindre jusqu’à 156,53€ maximum par période d’astreinte. Ce montant est calculé sur la base du forfait initial (21,26€) auquel s’ajoutent 78,26€ pour cinq heures cumulées d’intervention. Les astreintes constituent une modalité plus souple d’organisation du temps médical.
Les indemnités spécifiques et avantages complémentaires
Au-delà du salaire de base et des rémunérations liées aux gardes, les internes bénéficient d’un ensemble d’indemnités spécifiques qui peuvent significativement améliorer leur situation financière.
Indemnités liées à la situation professionnelle
Les internes en première et deuxième année perçoivent une indemnité de sujétion particulière de 435,18€ brut mensuels durant leurs quatre premiers semestres. Cette compensation reconnaît la charge de travail importante en début d’internat. À partir de la quatrième année, une prime de responsabilité est versée : 179,51€ mensuels en quatrième année, puis 356,16€ en cinquième année. Les Docteurs Juniors voient cette prime portée à 416,67€ puis 500€ par mois. Les internes en médecine générale effectuant un Stage Ambulatoire en Soins Primaires en Autonomie Supervisée (SASPAS) reçoivent 125€ brut mensuels supplémentaires.
- Indemnité de sujétion particulière : 435,18€ brut/mois (internes de 1ère et 2ème année)
- Prime de responsabilité progressive : de 179,51€ à 500€ brut/mois selon l’ancienneté
- Indemnités compensatrices pour logement/nourriture selon la situation
- Indemnités spécifiques pour stages ambulatoires et en zones sous-denses
Indemnités liées aux stages hors CHU et à la situation familiale
Les stages effectués loin du Centre Hospitalier Universitaire de rattachement donnent droit à des compensations financières. Une indemnité forfaitaire de transport de 130€ brut mensuels est versée lorsque le lieu de stage se trouve à plus de 15 km du CHU et du domicile. Pour les stages en zone sous-dense nécessitant un second logement, une indemnité forfaitaire d’hébergement de 300€ brut par mois est prévue. Par ailleurs, les internes avec enfants perçoivent un supplément familial de traitement variant selon le nombre d’enfants : 2,29€ brut pour un enfant, 73,79€ pour deux, 183,56€ pour trois et 130,81€ par enfant supplémentaire.
Le Contrat d’Engagement de Service Public et perspectives financières post-internat
Pour répondre aux problématiques d’accès aux soins, des dispositifs incitatifs ont été mis en place, complétant les revenus des internes tout en préparant leur future installation. Ces mécanismes influencent significativement les choix de carrière et la transition vers l’exercice professionnel complet.
Le CESP : un complément de revenu avec engagement
Le Contrat d’Engagement de Service Public représente une opportunité financière substantielle pour les internes. Ce dispositif permet de percevoir une allocation mensuelle de 1200€ brut tout au long de la formation, en contrepartie d’un engagement à exercer en zone sous-dense après l’obtention du diplôme. La durée de cet engagement correspond au minimum à celle pendant laquelle l’allocation a été perçue, avec un plancher de deux années. Cette mesure incitative pour lutter contre les déserts médicaux peut représenter un complément significatif aux émoluments habituels, particulièrement intéressant pour les internes ayant un projet d’installation dans ces territoires.
Type d’indemnité | Montant brut | Conditions d’attribution |
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CESP | 1200€/mois | Engagement d’exercice en zone sous-dense |
Transport | 130€/mois | Stage à +15km du CHU et du domicile |
Hébergement | 300€/mois | Second logement en zone sous-dense |
Perspectives salariales à l’issue de l’internat
La fin de l’internat ouvre différentes perspectives professionnelles aux jeunes médecins. En intégrant toutes les indemnités possibles, un interne en fin de cursus peut percevoir jusqu’à 2874,62€ brut mensuels. Après la thèse, plusieurs voies s’offrent à lui : carrière hospitalière, installation en libéral ou exercice mixte. Chaque option présente des implications financières distinctes. De nombreux professionnels soulignent pourtant le déséquilibre entre cette rémunération et l’investissement horaire réel, qui peut dépasser 100 heures hebdomadaires pendant certaines périodes intensives. Cette question du rapport entre rémunération et charge de travail effective reste un sujet de débat au sein de la profession médicale.
- Carrière hospitalière : sécurité salariale mais progression moins rapide qu’en libéral
- Installation libérale : revenus potentiellement plus élevés mais investissement initial important
- Exercice mixte : équilibre entre stabilité hospitalière et flexibilité du libéral
- Poursuite académique et recherche : complément d’activité avec enseignement universitaire
Testeur de formation dans le bien-être (ancien masseur), j’ai aussi été graphiste dans mes vieilles années. Pour le côté vétérinaire ? Je le découvre cette année!